Le noir et le blanc pour mieux dire « la vérité des choses »: L’exposition tirée de la collection Pinault, intitulée « au-delà de la couleur », a accueilli ses premiers visiteurs ce samedi 12 juin au Couvent des Jacobins. Premières impressions du public.
Tout commence par du blanc. Dans l’antre majestueuse du couvent des jacobins, premier couloir, premières œuvres : derrière la « robe » de Sturtevant, les « gisants » de Cattelan.
Venu de Betton avec sa femme et son fils, tout jeune adulte, Jean s’interroge. » Ce sont 9 cadavres recouverts d’un drap blanc ? «
Eh bien non ! En fait, les « Les gisants » de Maurizio Cattelan, sont 9 sculptures représentant des corps allongés. Cette oeuvre reprend des codes très classiques de l’art : la sculpture comme moyen d’expression, la mort comme sujet. « Oui mais Cattelan nous provoque et nous intrigue », réfléchit Jean.
Ses sculptures sont très réalistes, on dirait de vrais corps, un vrai drame. On a envie de soulever les draps et voir ce qu’il y a dessous. Mais en fait il ne s’agit que de blocs de marbre brillamment taillés. Mais quand on observe bien, on se rend compte que ce n’est pas la réalité parce que les corps ont des positions qui ne sont pas naturelles. Dès lors on ne voit plus l’oeuvre de la même façon, c’est peut-être ce que Cattelan voulait, ça fait réféchir
Violences du monde
Bruno, rennais, est lui fasciné par cette voiture d’Abdel Abdessemed. « On dirait une vraie bagnole calcinée. Ça fait penser aux émeutes dans les banlieues en France ou aux Etats-Unis ».
Bien vu. L’artiste aurait eu l’idée de ces réalisations en écoutant les déclarations de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, sur la « tolérance zéro » dans les banlieues après les émeutes de 2005.
Abdel Abdessemed, artiste algérien, aime bien d’ailleurs commenter les violences de l’actualité. Pas comme un journaliste, mais comme un artiste. C’est aussi lui l’auteur de la statute monumentale représentant le coup de boule de Zidane à materazzi, en finale de la cupe du monde 2006, et que l’on retrouve à la fin de l’exposition.
« C’est fascinant le gouffre qui sépare l’image qu’on se fait d’une femme avec son portrait en noir et blanc puis son portrait en couleur ». Premières impressions du public à l’exposition « au-delà de la couleur dans la collection Pinault à @LeCouventRennes pic.twitter.com/NiaHFsOylw
— France 3 Bretagne (@france3Bretagne) June 12, 2021
Des corps mutilés magnifiés par le noir et blanc
Auparavant, Chloe, étudiante en arts plastiques à Rennes, a pu admirer les photos de Richard Avedon. Quatre portraits de femmes défigurées par le napalm lors de la guerre du Vietnam, des gueules cassées d’un autre temps et d’un autre continent. « C’est incroyable de réalisme, ça fait froid dans le dos. C’est à la fois glaçant et impressionnant. Surtout en noir et blanc. »
Femmes exposées au Napalm
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© France Télévision
Ours et lapin, le calin qui fait jaser
Julien, jeune trentenaire, est lui venu de Saint-Brieuc. » J’avais besoin d’art, sourit-il, après une morne année. Justement, peut-être par manque d’amour ou de calin, il a été amusé et marqué par l’œuvre de McCarthy, « Bear and rabbit on a rock ». Un ours noir et un lapin blanc, deux gros doudous en apparence, qui s’embrassent et ne masquent pas leur joie.
Bear and Rabbit on a rock
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© B.Le Vaillant/France Télévision
Je sais que ça a causé des problèmes à l’artiste parce que certains y voient presque un rapport sexuel. Moi j’y vois deux personnes qi n’ont rien à faire ensemble s’aimer quand même. De toutes façons, l’art, c’est fait pour émouvoir, pour faire réfléchir, et donc pour provoquer. Moi ça me plaît
Emotion, réflexion, provocation, le jeune homme a résumé en une phrase les impressions que vous pourriez ressentir en allant visiter cette exposition. De l’art contemporain pas trop abstrait, qui devrait parler à tout le monde.
C’est à voir au couvent des Jacobins à Rennes jusqu’au 29 août.
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