Elle dormait depuis 30 ans dans son “artothèque”: la ville de Saint-Priest, en banlieue lyonnaise, va mettre en vente une oeuvre de la star allemande de la peinture abstraite Gerhard Richter, qui pourrait lui rapporter des millions d’euros.
Une toile de Richter sort des placards d’une commune de banlieue lyonnaise
Elle dormait depuis 30 ans dans son “artothèque”: la ville de Saint-Priest, en banlieue lyonnaise, va mettre en vente une oeuvre de la star allemande de la peinture abstraite Gerhard Richter, qui pourrait lui rapporter des millions d’euros.
“Abstraktes Bild 630-2”, une huile sur toile (82×67 cm) réalisée en 1987, fut acquise l’année suivante pour 100.000 francs par la commune, qui disposait d’un fonds d’acquisition d’oeuvres d’art contemporain.
“Chaque année, on se rendait à Paris dans des galeries pour en acheter. On voulait qu’une ville ouvrière puisse y avoir accès”, explique l’adjoint à la culture de l’époque, Robert Rivière.
Gerhard Richter, 89 ans, est devenu l’un des peintres les plus chers du monde, même s’il reste peu connu du grand public.
En 2015, une autre “Abstraktes Bild”, numérotée 599, avait trouvé preneur pour 30,4 millions de livres (44,5 millions d’euros au taux de change de l’époque) lors d’une vente de Sotheby’s à Londres. Un record pour un peintre vivant, battu depuis par Jeff Koons et David Hockney.
“Cette vente n’était pas passée inaperçue à Saint-Priest, où un inventaire de l’artothèque communale, une structure de prêt d’oeuvres d’art fonctionnant comme une bibliothèque, venait d’être fait”
explique le maire de la ville, Gilles Gascon (LR)
“On a présenté la toile de Richter à un expert, qui nous a dit de ne pas la laisser traîner”, raconte l’élu, précisant que dans le passé, l’oeuvre n’avait pas été prêtée à des particuliers mais seulement exposée par la commune.
“Elle est depuis conservée dans un coffre par une banque spécialisée. Mais sa véritable place est dans un musée ou chez un collectionneur qui saura la mettre en valeur”, estime le maire.
D’où la décision de la vendre aux enchères, que le conseil municipal doit valider le 18 novembre. Huit autres peintures acquises dans les années 1980, de moindre valeur, pourraient également être cédées.
Pour celle de Richter, “on nous a donné des chiffres qui donnent un peu le tournis”,
ajoute Gilles Gascon, qui s’attend à être sollicité par de grandes maisons de vente.
Il promet que l’argent obtenu sera réinvesti dans la culture.
L’artothèque municipale compte un millier d’oeuvres au total. Ces structures de diffusion de l’art contemporain, initiées dans les années 1960 par André Malraux et développées dans les années 1980 par Jack Lang, sont au nombre de quelques dizaines en France.